art 24 : La couleur des sentiments de K. Stockett

                             Difficile de parler d' un livre aussi foisonnant, passionnant, profondément humain que "La couleur des sentiments".

Du début à la fin, vous allez vous imprégner des personnages, vivre leurs tourments et leur joies, et vous aurez  beaucoup de peine à les quitter.

Nous sommes au début des années 60 dans le sud des Etats-Unis, dans l' état du Mississipi. C' est un état voué à la culture du coton. Depuis deux siècles au moins, les noirs sont au service des blancs. Les hommes  dans les exploitations et les femmes sont des "bonnes" s' occupant des enfants, du ménage, des repas. Les femmes blanches ne savent rien faire, à part jouer au bridge et organiser des goûters de charité pour envoyer de l' argent aux enfants du Kénya...

Kennedy est au pouvoir et Martin Luther King fait parler de lui, mais rien ne change à Jackson, Mississipi...

Une jeune femme, Miss Skeeter, veut faire du journalisme. Tout ce qu' on lui propose au journal local, c' est de répondre aux lectrices qui ont besoin d' un conseil ménager, genre "comment avoir une tâche de vin sur une nappe ?". ce n' est pas une blanche qui peut répondre à ce genre de question puisqu' elles ne savent rien faire...Miss Skeeter va donc s' adresser à des bonnes noires qu' elle connaît, moyennant une petite rétribution. Des discussions s' engagent et constatant l' aptitude de ses amies noires à "Raconter", Miss Skeeter se dit qu' elle pourrait en faire un livre, non pas sur les conseils ménagers mais sur tout ce que les bonnes racontent de leur vie de tous les jours avec leurs patronnes blanches. Une maison d' édition est d' accord pour accepter de lire un manuscrit.

Je ne peux pas vous en raconter davantage sans déflorer les ficelles de l' intrigue qui sont multiples.

Il y a la rédaction de ce bouquin bien sûr qui est la grosse partie, le corps de l' oeuvre, mais il y a aussi la vie sentimentale de Miss Skeeter qui n' est pas simple, les rapports avec sa mère en fin de vie. La recherche de son ancienne bonne qui l' a élevée et à laquelle elle est restée très attachée. Il y a des passages poignants à en pleurer quand les enfants blancs qui adorent leurs bonnes noires sont obligés de s' en séparer, par exemple.

Mais on rit beaucoup aussi. On peut même dire que les moments de rigolade sont aussi nombreux que les moments poignants. Et puis, il y a la tendresse, la justesse dans la description des rencontres de personnages qui se haïssent et de ceux qui s' aiment.

Ce n' est pas un livre, c' est une bible.

L' auteur nous dit à la fin que "dans l' ensemble' ce roman est une fiction.  Nous la croyons, mais c' est une transposition de tout ce qu' elle a entendu et emmagasiné depuis son enfance.

Elle prépare un deuxième roman...CHOUETTE !!!